Laure Marchand, NouvelObs, 15.09.2019
Opposant au président Erdogan, l’écrivain turc Ahmet Altan, 69 ans, condamné à la prison à vie, va être rejugé le 8 octobre. Depuis sa cellule, il a pu nous faire passer quelques notes…
Ahmet Altan nous donne de ses nouvelles : « En prison, l’été est la saison la plus dure. On ne peut pas faire grand-chose contre la chaleur. » Pas un mot superflu, pas une plainte. Et pourtant, enfermé avec deux codétenus dans une cellule de six pas de long et quatre de large, l’écrivain turc termine son troisième été dans la sinistre prison de Silivri, à 70 kilomètres d’Istanbul.
Combien d’étés y passera-t-il encore ? Comme des milliers d’opposants à Recep Tayyip Erdogan, cet intellectuel a été arrêté dans la foulée du coup d’Etat raté en 2016. Il a été condamné à la prison à vie pour tentative de renversement de l’ordre constitutionnel. En juillet, la Cour suprême a invalidé sa peine. Mais en l’absence de fonctionnement de l’Etat de droit dans son pays, Ahmet Altan, 69 ans, tient à distance cette lueur de liberté qui s’est allumée au loin. Il nous dit s’être résolu à la possibilité de mourir en prison. Cette « acceptation » lui permet de « se tenir dans l’obscurité avec plus d’assurance ».